Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Québec. Les médecins veulent fermer la dernière mine d’amiante.

6 janvier 2011

L’amiante a longtemps été un tabou pour les politiques et la société canadienne. L’industrie minière jadis florissante a conservé jusqu’à ce jour le soutien des gouvernements du Canada et du Québec.

Le deal sordide qui prévaut depuis une trentaine d’année est de cesser d’utiliser l’amiante au Canada mais de continuer à promouvoir l’exportation d’amiante, de manière à préserver profit et emplois.

Les gouvernements du Canada et du Québec accorde donc à l’industrie des mines d’amiante du Québec

Un soutien politique musclé avec notamment :

• En 1998 la plainte du Canada auprès de l’organisation mondiale du commerce (OMC) contre la France et la Communauté Européenne pour tenter d’annuler le décret d’interdiction de l’amiante. La tentative a échoué.

• En 2004, 2006 et 2008, le gouvernement canadien est intervenu auprès de l’ONU pour empêcher que l’amiante chrysotile soit inscrit sur liste des produits dangereux prévue dans le cadre de la Convention de Rotterdam. Les tentatives ont réussi.

Un soutien financier avec notamment :

• Le financement depuis 1984, à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars, de l’Institut de l’Amiante, basé à Montréal (rebaptisé beaucoup plus tard Institut du Chrysotile).

• Le financement direct de l’industrie minière via des subventions. La dernière annonce spectaculaire du gouvernement du Québec envisage sérieusement d’accorder une garantie de prêt de 58 millions de dollars à la mine Jeffrey (la dernière mine d’amiante en activité).

Cependant la société civile canadienne et tout particulièrement les médecins et les professionnels de santé publique du Québec et du Canada ont cessé de se taire et dénoncent désormais tout haut les mensonges des industriels et du gouvernement.

• Le Journal de l’Association Médicale Canadienne a publié en octobre 2008 un éditorial intitulé :

« La mortalité liée à l’amiante : une exportation canadienne »

qui fustige l’hypocrisie des gouvernements du Canada et du Québec et demande que

« le Canada fasse sa part pour enrayer l’épidémie mondiale de maladies reliées à l’amiante en mettant fin à l’extraction et à l’exportation du chrysotile, ainsi que le recommande l’OMS. »

Editorial du Journal de l’Association Médicale Canadienne

• Une lettre ouverte au Premier Ministre Jean Charest, signée par des groupes environmentaux et syndicaux en Asie, le 24 juin 2010, demandant que le gouvernement du Québec ne finance pas la mine Jeffrey.

• Lettre ouverte, signée par 35 médecins de 19 pays, 9 juin 2010, demandant que le ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, honore les obligations éthiques que lui impose le Code de déontologie des médecins du Québec.

lettre ouverte au Ministre de la Santé du Québec

• La Société canadienne du cancer exhorte le premier ministre du Québec à ne pas accorder une garantie de prêt à la mine d’Asbestos, Communiqué de presse, le 29 juin 2010.

Communiqué de la Société Canadienne du Cancer

• Lettre ouverte, signée par 31 médecins du Québec et du Canada, le 23 août 2010, demandant que le ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, cesse de diffuser de la fausse information au sujet de l’amiante et qu’il s’oppose au financement de la mine Jeffrey.

lettre des médecins du Québec à M. Bolduc

version anglaise letter from Québec doctors to Mr Bolduc

• L’Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec (AMSSCQ) adresse une lettre ouverte au Premier Ministre Jean Charest, à chaque député(e) de l’Assemblée nationale, aux élu(e)s des régions productrices d’amiante, au Ministre de la santé et aux directeurs régionaux de santé publique, le 6 juillet 2010.

lettre de l’Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec

• l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) : lettre au Ministre Bolduc, le 2 décembre 2010, demandant que le ministre de la santé du Québec, Yves Bolduc, fasse entendre sa voix au gouvernement pour ne pas financer la mine Jeffrey.

lettre de l’Association pour la santé publique du Québec

• Dans une lettre datée du 6 janvier 2011 très forte addressée au Collège des Médecins du Québec (CMQ, l’analogue du conseil de l’ordre des médecins en France) un groupe de médecins écrivent : « comment assurer la protection de la santé publique quand le ministre de la Santé et le gouvernement du Québec, ayant l’obligation de la protéger, semblent afficher un tel mépris des connaissances scientifiques dans le dossier de l’amiante, au point de prolonger depuis des mois le suspens de l’octroi de cette garantie de prêt de 58 millions de dollars indispensable à la réouverture de la mine Jeffrey ».

Ces mêmes médecins fournissent en annexe à la lettre une description édifiante de « Quelques exemples de la manière avec laquelle la politique pro-amiante du gouvernement du Québec met en danger la santé de la population québécoise et celle des populations du Tiers Monde »

• Le 18 janvier 2011, les six directeurs de santé publique de la province du Québec adressent à Clément Gignac (Ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation) une lettre intitulée :
« Impact sur la santé des Québécois de la présence et de l’usage accrus de l’amiante chrysotile » qui se conclut par la phrase suivante :

« les directeurs de santé publique sont d’avis que l’augmentation de l’exploitation et de l’usage de l’amiante chrysotile au Québec se soldera par une augmentation significative des maladies reliées à l’amiante chez les travailleurs et dans la population en général entraînant des coûts sociaux et financiers. Nous vous invitons à tenir compte de cet avis dans le dossier de la mine Jeffrey. »

Lettre des directeurs de santé publique à Gignac (18 janvier 2011)

• Le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) a également écrit à M. Clément Gignac (Ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation) pour s’indigner du projet et « faire part de sa grande préoccupation concernant la possibilité de reprise de l’exploitation et de l’exportation d’amiante en  Asie » et exprimer son « désaccord quant à l’utilisation de ce minéral potentiellement dangereux dont les risques associés à l’exposition sont aussi importants que documentés. »

Le CQMF demande au gouvernement du Québec de ne pas octroyer de financement qui permettrait la relance de cette industrie ou de l’exportation de ses produits.
 

Lettre du Collège québécois des médecins de famille à Gignac (28 février 2011)