Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

Vous êtes ici : Accueil » L’ANDEVA » Le Bulletin de l’Andeva » Numéro 57 (mai 2018)

Pompiers professionnels et volontaires : un métier à hauts risques, un suivi médical insuffisant

18 mai 2018

Il y a 250 000 pompiers en France (dont 198 000 volontaires). Ils sont exposés à de multiples agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), dont l’amiante.

Un décret du 5 novembre 2015 leur a ouvert le droit à un suivi médical post-professionnel.

Mais ce suivi médical reste à construire. C’est une urgence.


L’Andeva écrit au ministre de l’Intérieur

Comme tous les agents de la fonction publique territoriale, chaque pompier devrait se voir délivrer, à son départ à la retraite, une attestation d’exposition aux risques C.M.R auxquels il a été exposé au cours de sa carrière, afin de pouvoir bénéficier d’un suivi médical post professionnel gratuit.

Or ce suivi médical commence seulement à se mettre en place, avec des inégalités selon les départements.

L’Andeva a écrit à Gérard Collomb pour l’alerter sur deux problèmes : le contenu des attestations d’exposition pour les pompiers professionnels et l’absence de suivi médical post-professionnels chez les volontaires.

L’importance du risque

La lettre rappelle que « L’exposition aux cocktails chimiques de produits cancérogènes dans les fumées et aux poussières générées par les incendies génère un risque CMR spécifique et important chez les pompiers.

Ce risque a été pris en compte par le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) qui a classé la profession de pompier en tant que telle dans la catégorie 2-B (cancérogène possible). »

Quelles attestations pour les sapeurs-pompiers professionnels ?

La lettre cite le cas des Hautes Pyrénées où ce sont les agents retraités eux-mêmes qui ont demandé une attestation d’exposition :

« Elle leur a été délivrée par le SDIS [service départemental d’Incendie et de Secours]. Sur cette attestation d’exposition figurent quelques produits C.M.R tels que : les amines aromatiques, l’arsenic et ses dérivés, le benzène. Mais pas l’amiante.
Il est pourtant évident que ces agents sont exposés à ce risque partout en France, au cours de l’extinction des incendies durant leur carrière. Le feu attaque les plaques toitures et de façades, cloisons, faux plafonds, dalles de sol, calorifugeages et autres matériaux contenant de l’amiante. L’incendie libère ainsi d’énormes quantités de fibres d’amiante que les courants ascendants d’air chaud mettent en suspension et dispersent. Ces fibres cancérogènes empoussièrent les vêtements de protection. Elles restent longtemps en suspension dans l’air, et peuvent être inhalées après l’extinction, lorsque les protections respiratoires ne sont plus portées. »

L’Andeva demande au ministre « d’intervenir au plus haut niveau afin que l’amiante soit reconnue et intégrée dans les attestations d’expositions aux risques C.M.R. »

Elle souligne que le suivi « doit être pris en charge, sans avance de frais pour les personnes concernées ».

Obtenir ce suivi médical pour les sapeurs-pompiers volontaires

L’Andeva rappelle que « les volontaires constituent la grande majorité sapeurs-pompiers. Ils peuvent faire reconnaître une maladie professionnelle contractée en service. Mais le droit à un suivi médical post-professionnel n’est pas explicitement prévu par les textes réglementaires.

Leurs collègues sapeurs-pompiers volontaires retraités qui ont été exposés aux mêmes risques que les professionnels n’ont pas les mêmes droits. C’est une injustice qui doit être rapidement corrigée. »

Une rencontre est annoncée avec le Préfet directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva No 57 (mai 2018)