Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Interview de Josette sur Amisol

1er janvier 2001

CAPER AUVERGNE

- le patron d’Amisol mis en examen pour empoisonnement
- Un témoignage de Josette Roudaire


Le patron d’Amisol mis en examen pour empoisonnement

A Clermont-Ferrand, le juge Royet a mis en examen le PDG de la
société Amisol.

Cette mise en examen est la première en France dans le
dossier de l’amiante ; elle intervient près de trois
ans après que la plainte ait été
déposée par 8 anciens salariés de cette usine,
fermée depuis 1974. Cela laisse espérer aux victimes
que justice leur soit enfin rendue et que les
responsabilités multiples de ce scandale sanitaire soient
clairement établies.

Logiquement, il faut s’attendre à ce que
d’autres secteurs soient prochainement poursuivis ;
d’autres industriels de l’amiante ainsi que les
organisations qui défendaient leurs intérêts
économiques au mépris de la santé de leurs
salariés ; des responsables des pouvoirs publics, voire des
politiques qui n’ont pas pris toutes les dispositions pour
empêcher cette catastrophe ; des membres du corps
médical et des scientifiques qui ne sont pas intervenus
malgré les connaissances qu’ils avaient ou
qu’ils auraient dû avoir sur la dangerosité du
matériau.

D’autres plaintes pénales ont été
déposées sur d’autres sites par l’ANDEVA
et plusieurs victimes, comme à Paris, Dunkerque,
Saint-Nazaire, Valenciennes, Riom et Caen il y a maintenant trois
ans.

Nous espérons que cette décision du juge Royet
à Clermont Ferrand relancera ces affaires dont les
différentes instructions n’ont toujours pas
abouti.


Un témoignage de Josette Roudaire

" L’amiante était travaillée à la fourche "

- Tu as travaillé 9 ans à Amisol. Quelles
étaient les conditions de travail dans cette usine
 ?

Aujourd’hui la loi considère qu’au-dessus de
5 fibres d’amiante par litre, un bâtiment
présente des risques. Mais à l’époque
dans nos locaux de travail il y avait plusieurs centaines de
milliers voire plusieurs millions de fibres.

Si Henri Pézerat et des gens de Jussieu
n’étaient pas venus en 1977 pour nous faire
découvrir ce scandale, il serait sans doute passé
inaperçu à ce moment-là.

- Comment cela se passait concrètement ?
On travaillait " le nez au vent " sans aspiration,
dans une atmosphère blanche d’amiante. Il neigeait
tous les jours, mais ce n’était pas Noël !

- Comment le personnel d’Amisol a-t-il réagi
à cette mise en examen ?

La décision a été bien accueillie. Une
copine a dit : " avant on avait l’impression de se
battre contre un fantôme. Maintenant il a un nom et un
visage, et il est mis en examen
".

En fait il y a plus de soulagement que de joie.

Dans cette entreprise où travaillaient 271 personnes au
moment de la fermeture, il y a eu plusieurs dizaines de malades et
beaucoup de décès.


article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°5 (juin 1999)