Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Etudes

29 janvier 2008

- Etudes récentes sur l’amiante
- Faculté de Jussieu : 5 enseignants-chercheurs décédés d’un mésothéliome
- CMMP : les dégâts humains d’une usine de broyage d’amiante
- Lu dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’INVS : cancer du larynx ; mésothéliomes ; artisans, retraités


ÉTUDES RÉCENTES SUR L’AMIANTE

Deux publications de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) fournissent des données intéressantes :

1) Un numéro spécial amiante du BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) aborde divers sujets :

- Surveillance
épidémiologique,
Cancers associés à l’amiante,
- Bilan 1998-2004 du programme
national de surveillance du mésothéliome (PNSM),
- Suivi médical
post-professionnel des personnes ayant été exposées ,
- cinq cas de mésothéliome pleural à
Jussieu.

2) Une étude de la CIRE (cellule inter-régionale d’épidémiologie) analyse les contaminations professionnelles et environnementales dues à l’activité d’une usine de broyage d’amiante : le Comptoir des minéraux et matières premières (CMMP) à Aulnay-sous-Bois.

Ces études
montrent l’ampleur d’une catastrophe sanitaire provoquée par des expositions actives et passives, professionnelles et environnementales, dont les effets dureront encore plusieurs décennies.


FACULTÉ DE JUSSIEU
5 enseignants - chercheurs décédés d’un mésothéliome

Ils avaient travaillé sur le campus sans avoir de contact direct avec l’amiante. Le cancer de la plèvre les a touchés 40 ans après le début de leur activité dans des locaux pollués par l’amiante.
le personnel de la Faculté

Quatre chercheurs et une enseignante de Jussieu sont décédés d’un mésothéliome pleural.

L’étude dont les résultats sont publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH N°41-42) avait pour but « d’évaluer la vraisemblance de l’induction de mésothéliomes par une exposition professionnelle passive à l’amiante due aux locaux de travail ».

Elle a été réalisée par Catherine Buisson, Corinne Pilorget, Sylvie Julliard, Danièle Luce, Ellen Imbernon de l’Institut national de Veille sanitaire (InVS) et Marcel Goldberg de l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm).

Ses conclusions sont claires : "Parmi les cinq personnes, nées entre 1934 et 1942, aucune exposition professionnelle active, domestique ou environnementale n’a pu être identifiée, excepté l’utilisation rare de produits de protection pour certains".

Les quatre chercheurs étaient volcanologue, physicien, paléontologue, et ingénieur en océanographie.

L’enseignante avait été professeur de mathématiques puis informaticienne.

Ces personnes, qui ont travaillé entre 10 et 35 ans à Jussieu, « étaient présentes lors de la construction du campus et elles ont fréquenté des lieux floqués à l’amiante. »


Des poussières
d’amiante tombaient
du faux plafond

Le volcanologue « s’était souvent plaint de devoir dépoussiérer son bureau de poussières tombées du faux-plafond ». L’informaticienne et le paléontologue avaient, eux aussi, nettoyé fréquemment leur bureau recouvert de poussières.

Ces cinq mésothéliomes ont été diagnostiqués en 2001 et 2002, soit une quarantaine d’année après leurs débuts professionnels dans ces locaux pollués.

Quatre personnes sur cinq avaient aussi des plaques pleurales, autre maladie spécifique qui signe une exposition à l’amiante.

L’impact sanitaire
de la pollution
passive

L’étude souligne qu’il s’agit du « premier rapport décrivant plusieurs cas de mésothéliome pleural parmi le personnel d’un campus universitaire floqué et n’ayant pas subi d’exposition active à l’amiante. »

« C’est effectivement la première étude scientifique qui établit un lien entre ce cancer spécifique de l’amiante et des expositions passives dans des locaux floqués », précise Marie-José Voisin, du Comité anti-amiante de Jussieu.

Elle démontre que des enseignants et des chercheurs ont respiré des fibres d’amiante à Jussieu et en sont morts sans manipuler ce matériau, ni être en contact direct avec lui.

Rétrospectivement, elle confirme aussi le bien fondé des demandes portées par le comité depuis de longues années : retrait total de l’amiante à Jussieu, mise en place de consignes de sécurité pour les travaux dans des bâtiments floqués… »

Pour télécharger le numéro spécial amiante du B.E.H.
http://www.invs.sante.fr/beh/2007/4...


CMMP (Aulnay-sous-Bois) Les dégâts humains d’une usine de broyage d’amiante

Une remarquable étude de la cellule inter-régionale d’épidémiologie d’Île-de-France (CIRE) sur les contaminations professionnelles et environnementales dues à l’activité du CMMP.

Depuis décembre 2007, le rapport de la CIRE sur les contaminations professionnelles et environnementales dues à l’activité du CMMP est accessible sur le site de l’Institut de Veille sanitaire (INVS). C’est la première étude de ce type en France.

Elle comporte trois volets : un historique, une étude de cas, et un essai de modélisation de la zone impactée par les poussières d’amiante. On peut télécharger soit le résumé (20 pages), soit l’intégralité (300 pages).
L’historique, basé sur des documents d’archives et des témoignages d’anciens salariés et riverains décrit les techniques de production, l’empoussièrement des ateliers, les maladies professionnelles, les plaintes des riverains, l’absence de réactions de la préfecture et des autorités sanitaires… Les faits sont accablants.

L’étude de cas, déjà rendue publique il y a 18 mois, a permis de faire valider par deux groupes d’experts (médecins et préventeurs) les données fournies essentiellement par les associations. Elle confirme que le broyage d’amiante pendant 50 ans en pleine zone résidentielle a provoqué des maladies spécifiques validant « signal sanitaire d’origine environnementale ». Après sa publication le maire avait déménagé les 440 élèves de l’école voisine.

La modélisation de la dissémination des poussières, qui met en jeu de multiples paramètres (volumes de production, aéraulique des poussières, direction des vents...) a un caractère expérimental. Elle conclut à la dissémination des poussière d’amiante sur un quartier d’Aulnay, et à la périphérie de Sevran.

Pour télécharger le rapport de la CIRE
http://www.invs.sante.fr/publicatio...


Lu dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’INVS

« Ces dernières années, les preuves d’une association entre le cancer du larynx et l’exposition à l’amiante se sont accumulées et une revue récente promue par l’Institut de médecine des États-Unis a confirmé l’existence d’une association causale »

Paolo Boffetta

« Pour la période 1998-2003, l’estimation du nombre annuel de cas incidents de mésothéliomes varie de 646 à 800. Les secteurs d’activité et les professions à risques de mésothéliome les plus élevés ont été identifiés. La part attribuable à une exposition professionnelle à l’amiante chez les hommes a été estimée à 83,2%. Sur la période 2002-2004, une demande de reconnaissance en maladie professionnelle a été effectuée par 67% des sujets, dont 92% a bénéficié d’une indemnisation. »

Bilan du PNSM

« Près de 70% des salariés retraités inclus dans Spirale ont été considérés comme possiblement exposés à l’amiante et invités dans un Centre d’examen de Santé.

Pour les artisans retraités inclus dans l’étude Espri, ce niveau d’exposition concernait 83,5% des hommes et 5,6% des femmes »

Bilan du suivi post-professionnel


Article extrait du Bulletin de l’Andeva N° 25 (janvier 2008)