Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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En Indonésie, l’amiante est une bombe à retardement pour les générations futures

18 mai 2018

L’utilisation d’amiante dans la construction a presque triplé en trente ans. Il n’y a eu aucune information officielle disant que ses fibres provoquent le cancer.

L’Indonésie est la première économie d’Asie du Sud-Est. L’utilisation du minerai y a bondi de 28.599 tonnes en 1990 à 109.000 tonnes en 2014, avec un pic à 161.823 tonnes en 2012, selon l’institut géologique américain (USGS). L’amiante est surtout utilisé dans le secteur du BTP.

Il n’y a pas en Indonésie de statistiques fiables ni sur le nombre de travailleurs exposés ni sur les maladies et les décès liés à l’amiante.

Mais il y a une certitude : une épidémie de cancers professionnels et environnementaux aura lieu là-bas dans les décennies à venir.

La situation est d’autant plus inquiétante que l’Indonésie est le deuxième plus grand marché du tabac au monde. Or la conjonction du tabagisme et de l’exposition à l’amiante multiplie par 28 le risque d’avoir un cancer broncho-pulmonaire.

La résistance s’organise

Face à la désinformation des industriels de l’amiante, la résistance s’organise.
Du 25 au 28 juillet 2017 à Djakarta, se sont réunis des syndicats, des victimes de l’amiante, des médecins et autres professionnels de la Santé, des étudiants en médecine et des représentants du Ministère de la Santé.
Des journalistes ont couvert l’événement.

Le coût social d’un matériau « bon marché »

Des intervenants de divers pays ont montré que l’utilisation de cette fibre tueuse au Canada, en Australie, au Japon, dans l’Union européenne ou aux USA a eu un coût très élevé pour la santé, l’économie et l’environnement.

Le Pr Yv Bonnier Viger, de l’Université Laval au Québec, a estimé qu’il s’agit d’un « problème urgent de santé publique ».

M. Darisman, le coordinateur de l’INA-BAN a dit qu’on ne voit aujourd’hui que « la pointe de l’iceberg ». L’Indonésie va connaître un « boom » du nombre de cancers.
Phillip Hazelton (APHEDA) a estimé qu’avec 120 000 tonnes d’amiante importées « on peut s’attendre à 700 mésothéliomes et environ 4000 cancers liés à l’amiante par an dans les décennies à venir. Ces décès seront grandement réduits si la consommation est arrêtée »

Les autorités indonésiennes ont édicté des réglementations, sans se donner les moyens de contrôler leur application. Mais elles se refusent toujours à interdire l’amiante.

Après ces trois journées, une tournée de conférences est prévue pour s’opposer aux mensonges des industriels.


Le témoignage de Sriyono

Sriyono a 44 ans. Il est atteint d’un cancer pulmonaire lié à l’amiante. Il a fait un témoignage émouvant qui a été recueilli par un journaliste de l’AFP.

Au début, les symptomes étaient légers : la toux, la fatigue, puis il y a eu le choc, quand le diagnostic de cancer est tombé.

Sriyono a travaillé - et travaille encore - au contact de l’amiante dans une usine de la banlieue de Djakarta qui fabrique des pièces d’étanchéité et des gaines contenant de l’amiante.

Quand il a été embauché, « il n’y avait aucune information disant que l’amiante pouvait provoquer des maladies comme le cancer ».

C’est seulement après quinze années de travail qu’il sera enfin informé des danger pour sa santé.

Des milliers de salariés travaillent, comme lui, au péril de leur vie, à la fabrication de produits contenant de l’amiante en Indonésie.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva No 57 (mai 2018)