Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Donald Trump prépare-t-il un come back de l’amiante aux États-Unis ?

17 septembre 2018

- L’amiante aux Etats-Unis
- Donald Trump prépare-t-il un come back de l’amiante aux états Unis ?
- Deux associations américaines tirent le signal d’alarme
- L’EPA renie sa mission de défense de la santé publique et de l’environnement
- « Donald est de notre côté »
- États unis : Monsanto condamné !


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L’amiante aux USA

Les États-Unis ont longtemps été un gros utilisateur d’amiante.

Après 1975, la demande a chuté.

En 1989, l’Agence pour la protection de l’Environnement (EPA) avait adopté une réglementation interdisant la plupart des produits contenant de l’amiante.

En 1991, cette réglementation a été annulée par une Cour d’appel fédérale.
Mais le coût des indemnisations obtenues par des victimes de l’amiante suite à une multitude d’actions en justice a dissuadé la plupart des employeurs de continuer avec l’amiante.

La consommation était passée de 800.000 tonnes en 1973 à quelques milliers, utilisés surtout dans l’industrie du chlore.

Le 1er juin l’Agence américaine de protection de l’Environnement (EPA) a ouvert la porte à l’utilisation d’amiante dans la fabrication de nouveaux produits.

C’est une décision criminelle.


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L’amiante aux Etats-Unis

Bien avant d’être président, Trump célébrait les vertus de l’amiante et accusait ceux qui réclamaient son interdiction d’être manipulés.

Un matériau « 100% sûr »

Dans un livre paru en 19971, Trump présente l’amiante comme un matériau « 100% sûr, une fois appliqué ».

« Je pense, écrivait-il, que le mouvement anti-amiante était dirigé par la mafia, car ce sont souvent les sociétés liées à la mafia qui éliminaient les déchets d’amiante.
Les politiciens ont cédé à leurs pressions. Des millions de transports par camions ont acheminé ce matériau - dont la résistance au feu est exceptionnelle - vers des décharges spécialisées. L’amiante a été remplacé par des matériaux « sûrs » qui étaient en fait incapables de résister à la flamme d’une bougie »

« Le World Trade Center n’aurait jamais brûlé... »

En 2005, Trump prétend devant une commission du Sénat que les tours jumelles du World Trade Center n’auraient jamais brûlé si l’on avait gardé l’amiante, au lieu de le remplacer par des matériaux anti-feu inefficaces. Une affirmation assénée sans la moindre preuve, alors que la présence massive d’amiante dans ces tours est au contraire un facteur aggravant de la tragédie (voir page suivante).
Trump reprend cet argument dans un tweet en 2012.

Depuis que Trump est devenu président des États-Unis, ses idées sur l’amiante n’ont pas changé : il persiste à nier les risques et « allège » les contraintes réglementaires des employeurs...

Cette politique a été saluée par les producteurs d’amiante en Russie2.


1 Trump : Art of the come back (Trump : L’art du retour)
2http://www.lr21.com.uy/ecologia/137...


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Deux associations américaines tirent le signal d’alarme

En juillet dernier, l’Organisation pour la Prévention des maladies liées à l’amiante (ADAO) et le Groupe de travail sur l’environnement (EWG) ont tiré le signal d’alarme.

  • « Les importations d’amiante sont en hausse, et notre président n’a pas l’intention de les arrêter, a déclaré Linda Reinstein, présidente de l’ADAO [1]. Entre janvier et avril 2018, l’industrie chimique a importé 260 tonnes d’amiante de Russie et du Brésil, soit quatre fois plus que les importations de janvier à avril 2017. »

Linda, dont le mari est décédé de l’amiante, a dénoncé le soutien apporté par Trump aux magnats de l’amiante russe, en commentant la photo publiée sur le site d’Uralasbest
(voir ci-conte).

« Aider Poutine et les oligarques russes à amasser des fortunes en vendant un produit qui tue des milliers de personnes chaque année ne devrait jamais être le rôle d’un président des États-Unis ou d’une agence de protection de l’Environnement », a dit Ken Cook, président de l’EWG.

« Nous exhortons le président Donald Trump et le président Vladimir Poutine à reconnaître les dangers de l’amiante et à mettre fin à l’utilisation de ce cancérogène mortel, a dit Linda Reinstein. Il est temps de faire passer la vie humaine avant les profits pour mettre fin à la catastrophe causée par l’amiante. »


1) Le site de l’Adao : www.asbestosdiseaseawareness.org.


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L’EPA renie sa mission de défense de la santé publique et de l’environnement

L’Agence de protection de l’Environnement (EPA) pourra autoriser de nouveaux produits contenant de l’amiante.

Le premier juin, l’EPA a annoncé le mise en place d’une nouvelle procédure d’évaluation des risques.

Elle pourra désormais autoriser au cas par cas les industriels à utiliser de l’amiante dans la fabrication de nouveaux produits.

Elle annonce que ses évaluations ne tiendront pas compte « de l’effet ou de la présence de substances dans l’air, le sol ou l’eau dans ses évaluations des risques ».
Linda Reinstein, présidente de l’Adao, a dénoncé cette méthode restrictive qui « ne prendra pas en compte une partie importante des morts et des malades de l’amiante aux Etats-Unis. »

Pour l’EWG, cette méthode sous-estime la toxicité des produits et minimise leur impact sanitaire.

« Il est incroyable qu’on en soit encore à discuter des risques posés par l’amiante en 2018 », a souligné Bill Walsh, fondateur du Healthy Building Network (HBN), organisation de défense de l’environnement.

Kathleen Ruff, militante anti-amiante canadienne, une des directrices de l’Institut Rideau, estime que l’EPA est aujourd’hui minée de l’intérieur par des administrateurs ayant longtemps «  été au service d’industries toxiques ».

C’est le cas de Scott Pruitt, ex-directeur de l’Agence nommé le 1er février 2017 et « démissionné » par Trump le premier juillet 2018, après avoir été impliqué dans une série de scandales retentissants.

Ce climatosceptique, ancien procureur de l’Oklahoma, étroitement lié au lobby pétrolier, avait attaqué 14 fois l’EPA en justice avant d’être bombardé à sa direction !
Son palmares est tout à fait impressionnant : refus d’interdire le chlorpyrifos (pesticide dangereux) ; suppression de l’obligation de répertorier les émissions de méthane pour les sociétés pétrolières ; feu vert pour une exploitation minière canadienne dans une zone protégée en Alaska, etc.

Scott Pruitt n’est pas le seul. Nancy B. Beck, désignée par l’administration Trump pour chapeauter l’unité chargée d’évaluer la toxicité des produits chimiques, a été cadre d’une importante organisation de lobbying de l’industrie !

La politique de l’EPA sur l’amiante s’inscrit dans un contexte marqué par le retrait des USA des accords de Paris sur le climat. Elle tourne le dos à sa mission de protection de la santé publique.


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« Donald est de notre côté »

Cette photo est sur la page Facebook d’Uralasbest, une société russe qui exploite une énorme mine d’amiante dans la ville d’Asbest en Oural. Le titre : « Donald est de notre côté ! ». On y voit des sacs d’amiante sur palettes. Sur l’emballage, imprimé en rouge le visage de Trump entouré par ces mots : « Approuvé par Donald Trump 45è président des États-Unis » ! La photo a fait sensation. The Guardian a publié un long article, citant les critiques des associations.


17 ans après L’attentat du 11 septembre tue encore

Le responsable des pompiers de New York, est mort en juillet dernier d’une leucémie myéloïde à 63 ans.

C’est le 178è pompier à mourir d’une maladie liée à l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center.

Dans ces tours se trouvaient des substances toxiques, radioactives et cancérogènes, dont des tonnes de matériaux amiantés. Leur écroulement a provoqué un gigantesque nuage de poussières dangereuses.

Près de 70 000 sauveteurs (pompiers, ambulanciers, policiers, volontaires...) sont intervenus pour sauver des vies. Plusieurs centaines ont depuis développé des maladies respiratoires, des troubles comportementaux, et divers cancers.
Pour les maladies liées à l’amiante, vu le temps de latence entre l’exposition et l’apparition de la maladie (de 10 à 50 ans), on prévoit une nouvelle vague de maladies. Le pire est à venir.

Les victimes se sont organisées en associations pour obtenir que leurs maladies soient prises en charge, avec notamment des soins à domicile pour les patients qui ne sont plus en état de se déplacer.


États unis : Monsanto condamné !

Le 10 août, un tribunal de San Francisco a condamné Monsanto à payer 289 millions de dollars de dommages à un jardinier californien atteint d’un cancer, que la firme n’avait pas informé de la dangerosité du Roundup.

Dewayne Johnson a accueilli ce verdict avec beaucoup d’émotion. âgé de 46 ans, il est atteint d’un cancer incurable du système lymphatique. Il lui reste moins de deux ans à vivre selon les médecins.

Entre 2012 et 2014, il a utilisé pour son travail le Roundup et le RangerPro, la version professionnelle encore plus puissante de cet herbicide. Le principe actif de ces deux produits est le glyphosate.

Il reproche à Monsanto d’avoir sciemment dissimulé l’extrême dangerosité de ces produits, dont ils étaient parfaitement informés.

Les jurés ont jugé que Monsanto a agi avec « malveillance » et que ces deux produits, le Roundup et le RangerPro, ont « considérablement » contribué à sa maladie.

Monsanto (repris aujourd’hui par Bayer) persiste à présenter le glyphosate comme un produit « sans danger ». La firme a annoncé qu’elle ferait appel.

Plusieurs milliers de procédures sont en cours aux Etats-Unis, dont une action de groupe menée par 5000 fermiers.

Paul François, le président de Phyto-victime a déclaré que cette décision de justice était «  historique » et rendu hommage au courage de Dewayne Johnson.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N°58 (septembre 2018)


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