Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Conclusion de Pierre PLUTA

15 mars 2016

COLLOQUE ORGANISÉ PAR L’ANDEVA ET MESOCLIN,
LE 15 MARS AU MINISTERE DE LA SANTÉ A PARIS

"Cancers de l’amiante : écrire l’avenir
Médecins et malades débattent et proposent"


Conclusion de Pierre PLUTA
(président de l’ANDEVA)

Au terme de cette journée très intéressante, très riche en témoignages mais également en messages d’espoir, je voudrais rapidement souligner quelques points qui à mon sens sont essentiels.

Je commencerai par l’importance de la prise en charge et de l’accompagnement des malades et de leurs proches. Dès l’accueil, dès l’annonce de la maladie il faut que s’installe une relation de confiance entre l’équipe soignante, le malade et ses proches. Le malade doit être informé. Il a besoin de comprendre ce qu’est sa maladie, quels sont les soins, quelles sont les suites et les conséquences du traitement qui lui sera proposé et pour lequel il aura donné son avis. De cette confiance dépend une grande partie de la qualité de la fin de vie.

Il faut également poursuivre les échanges entre médecins et associations. Les témoignages bouleversants que nous avons entendus aujourd’hui, je vous prie de croire que nous les entendons souvent dans nos associations. Il est important que les médecins qui étaient là aujourd’hui les aient, eux aussi, entendus, de la manière dont ils ont été dits. C’est la douleur qui s’exprime. On ne peut pas accepter d’être malade et de ne pas être suivi, de ne pas être écouté, de ne pas pouvoir soi-même participer à ce que doivent être les soins.

Il faut poursuivre les échanges entre médecins et associations dans tout le réseau MESOCLIN. C’est quelque chose qui doit se mettre en place. Beaucoup de voix se sont élevées aujourd’hui pour demander : mais qu’est-ce qu’on peut faire dans notre région ? Notre intention est de poursuivre le travail entrepris dans les régions.

Il faut également poursuivre la collaboration internationale, échanger les expériences entre scientifiques. On a pu voir aujourd’hui avec nos amis venus d’Italie – comme l’a souligné le professeur Scherpereel, combien ils ont déjà avancé sur ces questions. Il nous faut impérativement poursuivre ces échanges.

Nous venons d’évoquer la recherche médicale avec Madame la sénatrice Aline Archimbaud. Elle doit disposer des moyens nécessaires pour avancer plus vite. Nous avons besoin d’une lueur d’espoir. Nous n’avons pas le temps d’attendre. Il est insupportable de savoir qu’il y aurait une possibilité intéressante qui pourrait ne pas être développée faute de moyens. C’est un sentiment de colère qui monte en moi : il est impensable qu’on nous dise aujourd’hui que nous n’avons pas les moyens de faire avancer la recherche médicale. Il faut faire payer ceux qui nous ont empoisonnés. Ce n’est quand même pas à nous de payer les conséquences de leurs fautes.

Je terminerai par la mise en place du suivi médical post-professionnel. Nous avons entendu parler d’une éventuelle diminution des maladies professionnelles liées à l’amiante. Nos maladies ne peuvent pas rester invisibles. On ne trouve pas les maladies lorsqu’on ne les cherche pas. Ne pas les dépister est sans doute la meilleure façon de pouvoir dire qu’elles n’existent pas. On voit bien dans nos associations que les maladies continuent, que de plus en plus de malades viennent nous voir et aussi que les maladies évoluent. Bon nombre de personnes de l’association avaient des plaques pleurales et qui malheureusement développent une asbestose ou – plus fréquemment - un mésothéliome. Cette affirmation avait été contestée. Nous avions fait une statistique il y a quelques années à Ardeva Nord – Pas-de-Calais et nous avions vu que parmi les personnes décédées d’une pathologie professionnelle reconnue suite à l’inhalation de poussières d’amiante, 30% avaient des plaques pleurales.