Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Brésil La Cour suprème autorisera-t-elle la réouverture de la mine d’amiante « uniquement pour l’exportation ? »

18 septembre 2019

Le 4 septembre prochain, la Cour suprême du Brésil se réunira en session plénière pour décider si elle autorise par dérogation l’extraction et la commercialisation de l’amiante « uniquement pour l’exportation » et pour une durée de dix ans.

Des associations de victimes d’Asie et du Brésil ont demandé ensemble aux magistrats de la Cour Suprême de confirmer leur verdict historique d’interdiction de 2017 et de défendre le droit de toute l’humanité à vivre une vie sans expositions mortelles à l’amiante.

Le cynisme abject des marchands de mort

Une décision historique

Le 27 novembre 2017, le tribunal suprême fédéral (STF) a jugé que l’article 2 de la loi de 1995 autorisant l’usage contrôlé de l’amiante était contraire à la constitution brésilienne qui doit garantir aux travailleurs la santé et un environnement salubre. Cette décision avait été saluée par les associations de victimes du monde entier. Elle risque d’être remise en cause.

Contre-offensive pro-amiante

Une contre-offensive politico-judiciaire a été engagée par le lobby pro-amiante qui demande au STF une dérogation pour prolonger pendant dix ans l’extraction et la commercialisation de l’amiante « uniquement pour l’exportation ». Une proposition cynique qui fait bon marché de la vie des travailleurs et de la population en Asie et au Brésil.

La force du lobby pro-amiante ne doit pas être sous-estimée. La mine d’amiante de Minaçu dans l’Etat de Goias est la plus grande de toute l’Amérique latine. La société minière, la Sama, exporte ce poison principalement en Inde et en Indonésie mais aussi en Thaïlande, en Malaisie, au Bangladesh, au Vietnam, et au Sri Lanka.

En février, la société Eternit a annoncé le gel des actifs immobiliers de la Sama et le licenciement de 400 salariés, tout en gardant une équipe de maintenance des installations minières afin de conserver la possibilité technique d’un redémarrage avec priorité éventuelle à l’embauche pour les mineurs licenciés.

Sont alors montés au créneau les marchands de mort de la Sama, la mairie de Minaçu, le gouverneur de l’état de Goïas, des sénateurs ainsi que le syndicat des mineurs de Minaçu, dans une belle union sacrée pour la défense de l’emploi à tout prix, quel que soit le prix à payer en vies humaines

Victimes d’Asie et du Brésil solidaires

Les associations de victimes du Brésil et d’Asie ont réagi ensemble.

Au printemps dernier, une mission d’information de Ban Asbestos Asie s’est rendue au Brésil. Elle a rencontré le président de la Cour suprême Jose Antonio Deas Toffoli, la juge Rosa Webber, des procureurs, des députés et conseillers fédéraux, des syndicalistes et des victimes de l’amiante.

La mission les a informés sur la réalité quotidienne en Inde et en Indonésie : les vies humaines sacrifiées, l’absence d’information des travailleurs, le coût exorbitant des examens médicaux, les victimes environnementales de l’amiante en Asie...

Le 22 août 2019, un appel urgent aux magistrats du STF a été lancé par des associations de victimes d’Asie (Aban, Ina-ban, I-ban), du Brésil (Abrea) et par le secrétariat international (IBAS). Sugio Furuya, le coordinateur de la mission a demandé aux juges de la Cour Suprême de « confirmer leur verdict historique de 2017 et de défendre le droit de toute l’humanité à vivre une vie sans expositions mortelles à l’amiante. »


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva No 61 (septembre 2019)