Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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CMMP (Aulnay-sous-Bois)

1er janvier 2001

- Deconstruire l’usine d’amiante sans polluer tout le quartier
- Une longue marche
- Personnes contaminées : les premiers chiffres
- L’Addeva 93 et les riverains rencontrent
l’Institut National de Veille Sanitaire


DÉCONSTRUIRE L’USINE
D’AMIANTE
SANS POLLUER TOUT LE QUARTIER

- Le Comptoir des Minéraux et
Matières Premières (CMMP) a fermé ses portes
en 1990 après avoir broyé de la farine
d’amiante pendant 50 ans à côté des
pavillons, des écoles, des commerces...
- Beaucoup de salariés et de
riverains ont été
contaminés.
- L’ADDEVA 93 et le Collectif des
Riverains, les parents d’élèves ne veulent pas
d’une démolition sauvage qui risquerait de polluer
tout le quartier. Ils exigent une déconstruction minutieuse
et veulent contrôler le déroulement des
travaux.

Vigilance active

Le 26 juin une soixantaine de personnes participent
à une réunion organisée par l’ADDEVA 93 et le
collectif des riverains sur l’avenir du site. Enseignants et
parents d’élèves sont très
présents.

Suite au dépôt d’un permis de
démolir, la population a été mise en alerte :
personne ne veut d’une démolition traditionnelle qui
polluerait tout le voisinage.

L’inquiétude a été
renforcée par la démolition sans aucun permis de la
station d’essence, mitoyenne de l’école.

Le maire et plusieurs conseillers municipaux de
diverses tendances sont dans la salle.

Gérard Voide relate le long combat
engagé depuis des années et pose des questions
précises sur cette démolition. Le débat
s’ouvre. Les interventions de la salle se succèdent
pour demander des explications et des garanties.

Première exigence : il n’est pas
question de procéder à une démolition
classique. Pour prévenir tout risque de pollution il faut
une déconstruction minutieuse effectuée par une
entreprise agréée.

Les riverains demandent aussi que le plan de
prévention décrive avec précision les modes
opératoires : retrait des toitures en fibrociment,
démantèlement des murs de briques creuses et des
charpentes métalliques qui se sont chargés de
poussières, recherche de fosses dans le sol, retrait des
terres souillées d’amiante et de zyrcon radioactif. Ils
demandent que ce plan de retrait soit communiqué à
l’avance à l’ADDEVA 93 et aux riverains.

Pour ne pas mettre le voisinage en danger, ils
demandent qu’un périmètre de sécurité
soit établi autour du site et que les travaux se
déroulent en dehors des périodes scolaires.

Ce chantier doit être suivi par des
spécialistes de la prévention de la CRAM et à
l’OPPBTP. L’inspecteur du travail doit appliquer sans
défaillance le droit que lui donne la loi d’arrêter le
chantier en cas de danger important.

Ils demandent la nomination d’un expert
indépendant aux frais du CMMP pour valider le plan de
prévention et suivre le chantier.
Ils proposent enfin que soit mise en place une commission locale
d’information et de surveillance à laquelle
participent des représentants des autorités, des
professionnels de la prévention ainsi que de l’ADDEVA
93 et des riverains.

En réponse à ces demandes, le maire
prend trois engagements :

- Il ne signera pas de permis de
démolir tant que le plan de prévention n’aura
pas été communiqué et approuvé.
- Il transmettra ce plan à
l’association et se dit favorable à la mise en place
d’une commission locale d’information et de surveillance
où toutes les parties soient
représentées.
- Il se dit prêt à exercer ses
prérogatives en arrêtant le chantier en cas de
danger.
Deux motions sont adoptées par
l’assemblée. Elles seront portées au conseil
municipal qui se tient juste après. Le conseil adoptera des
voeux reprenant une partie de ces demandes.

La vigilance est plus que jamais à
l’ordre du jour. En fin de réunion de nombreuses
personnes laissent leur nom. Plusieurs adhèrent à
l’association.

Un mois plus tard le préfet écrit
à l’ADDEVA 93 en lui donnant copie d’une lettre
qu’il adressée le jour même au promoteur :
évoquant « la vive inquiétude que suscite
ce dossier auprès des riverains »
il
l’informe qu’il refuse le permis de démolir tant
qu’il n’aura pas de plan de retrait et de planning des
travaux. C’est un premier acquis.

Mais le préfet refuse la proposition de
créer une commission locale d’information et de
surveillance. La bataille continue.


UNE LONGUE MARCHE

Au départ Gérard et Nicole
étaient seuls avec leur rage et leur chagrin,
décidés à savoir la vérité sur
le décès du frère de Nicole.

Les années ont passé. Leur courage et
leur obstination ont levé bien des obstacles.

Aujourd’hui 47 victimes ont été
recensées. 19 plaintes déposées. Une
enquête judiciaire est en cours. Une vingtaine
d’articles sont parus dans le Parisien. La mairie, la DDASS,
la Préfecture, l’Institut National de veille sanitaire
sont saisis.

L’ADDEVA 93 et les riverains interviennent. Le
combat est devenu collectif. Il continue.

Article paru dans le bulletin de l’ANDEVA N°11
(septembre 2003)


Personnes contaminées
LES PREMIERS CHIFFRES

L’ADDEVA 93 et le Collectif des Riverains ont
recensé à ce jour 47 cas parmi les salariés et
les riverains de l’usine :

19 dossiers complets transmis à la DDASS et
aux avocats pour plainte pénale en justice et
réparation au FIVA.

Maladies :

- mésothéliome
(26%),
- asbestose (32%), plaque pleurale
(32%),
- cancer broncho-pulmonaire
(10%)

- professionnelle (12),
- environnementale (29),
- plusieurs sources (6)
Il y a 42% de décès
Les recherches se poursuivent.


L’ADDEVA 93 et les riverains rencontrent
l’Institut National de Veille Sanitaire

Leurs objectifs : rechercher les
victimes, évaluer l’importance de la contamination
professionnelle et
environnementale et aider les personnes concernées à
faire valoir leurs droits.

L’ADDEVA 93 et le collectif des riverains ont
remis à la DDASS (avec l’accord écrit et
signé de chacune des personnes concernées) 19
premiers dossiers ainsi que des notes anonymisées sur les 28
autres cas signalés à l’association.

Ils demandent à l’INVS que soit
réalisée une étude-action en santé
publique. L’objectif de cette étude
« n’est pas de confirmer l’existence
d’un sur-risque de pathologies dues à l’amiante
parmi les salariés du CMMP et la population voisine. Au vu
des données déjà recueillies il est pour nous
évident. »

L’objectif est de mesurer
« l’ampleur de cette pollution
professionnelle et environnementale » et de
« permettre aux victimes et aux familles de victimes
décédées de faire valoir leurs droits
 »

« L’étude que nous
demandons ne saurait se réduire aux quelques dizaines de cas
recensés par notre association »
qui
« ne représentent qu’une partie très
limitée du nombre total de pathologies. Elle implique une
recherche systématique des victimes »


L’Association et le Collectif font des
propositions :

- suivi médical des anciens
salariés et des riverains volontaires,
- information de la population et questionnaire
aux riverains,
- Liaison avec le registre des
mésothéliomes du 93,
- Information des généralistes,
pneumologues, hospitaliers de Seine Saint-Denis ; appel à
rechercher dans les dossiers de leurs patients atteints de
pathologies pulmonaires des anciens salariés du CMMP ou des
personnes ayant étudié, travaillé,
habité à proximité,
- Ouverture d’une permanence mensuelle en
mairie, avec l’aide d’assistantes sociales.
- Recherche des anciens salariés du
CMMP (consultation des listes du personnel et des archives de
l’inspection du travail,
- Démarches au consulat
d’Algérie (beaucoup de travailleurs provenaient de la
région de Tlemcen)
- Démarches auprès des foyers de
travailleurs immigrés Sonacotra, notamment celui
d’Aulnay,
- Recherche des anciens élèves et
des enseignants des trois écoles du Bourg (archives en
mairie, à l’académie, et médecine
scolaire)
- Recherche de riverains actuels et
passés en utilisant les sources officielles :
listes d’électeurs dans des bureaux de vote de la zone
et listes de contribuables.

C’est évidemment un travail important,
mais nous estimons qu’il est incontournable.



Articles parus dans le bulletin de l’ANDEVA N°11
(septembre 2003)