Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Succès de la journée de mobilisation des associations du Sud-Ouest

10 septembre 2014

A Bordeaux, le 16 juin dernier, toutes les associations du Sud-Ouest adhérentes à l’Andeva s’étaient données rendez-vous : les Cerader de Charente, de Dordogne, du Lot-et-Garonne (Vianne, Albret et Fumelois), le Cridevit de la Rochelle, la CMCAS et Allo Amiante de Bordeaux étaient venus en nombre. Plus de 400 personnes rassemblées sous les banderoles de chaque association se sont mobilisées. La journée, particulièrement bien remplie, commença par un rendez-vous à l’Agence régionale de Santé (ARS), se poursuivit par un autre rendez-vous à la Préfecture et se termina par une audience à la Cour d’appel sur le préjudice d’anxiété, devant une salle pleine à craquer.

Les doléances
des victimes sur la santé présentées
à l’ARS

Descendus des cars, les manifestants forment un cortège silencieux, qui se dirige de la place de la République jusqu’à l’Agence régionale de santé.
Madame Bouygard, directrice adjointe de l’Agence, reçoit les cinq représentants du collectif soutenus par les 400 participants à la manifestation. Georges Arnaudeau, membre du bureau de l’Andeva et président d’Allo Amiante, lit un document préparatoire résumant les doléances des victimes.
Certains établissements de santé demandent indûment la carte Vitale pour des soins pris en charge au titre de la maladie professionnelle ou pour le suivi post-professionnel.
Des diagnostics « à géométrie variable » déstabilisent les malades.
Des généralistes ignorent le B-A BA des démarches pour l’indemnisation (certificat médical initial, certificat disant que la maladie est cause du décès), ce qui nuit aux personnes qui veulent faire valoir leurs droits.
Le mésothéliome est devenu une maladie à déclaration obligatoire, mais les signalements restent insuffisants.

La représentante de l’ARS est à l’écoute ; elle semble découvrir certains problèmes. Elle invite les malades en difficulté à envoyer leur dossier au médecin de l’ARS. Elle se dit prête à engager des actions de sensibilisation en direction du corps médical et à échanger sur certaines questions avec la caisse primaire.
La délégation lui demande de préciser les missions de l’ARS et du pôle amiante régional et les relations de l’ARS avec d’autres organismes.
Elle rappelle que l’amiante est classée déchet dangereux et regrette que la cartographie des déchetteries en Aquitaine soit inadaptée aux besoins.
Madame Bouygard examinera les fiches prévention réalisées par l’Andeva pour le Sénat. Pour les déchetteries, elle précise que l’ARS peut avoir un rôle d’alerte en cas de danger mais qu’elle n’en assume pas la responsabilité directe.

La délégation demande également que des représentants des associations de victimes puissent assister aux réunions où est évoquée la problématique amiante.
L’ARS n’est pas décideur dans ce domaine, mais sa représentante est favorable à la présence d’un représentant au pôle régional de santé sur l’amiante. Elle s’engage à saisir la Carsat de cette demande et suggère que les associations soient également représentées à l’instance consultative de prévention propre à l’ARS.
La délégation insiste sur la nécessité de fournir aux malades des soins de proximité de qualité.
Elle rappelle enfin le désaccord de l’Andeva avec les décrets d’octobre 2013 permettant d’accorder aux patrons des dérogations à l’interdiction d’affecter des jeunes de moins de 18 ans à des travaux exposant à l’amiante.

Les doléances
sur la prévention
présentées
au Préfet

Plus tard, une délégation de cinq représentants des associations est reçue durant 45 minutes par Madame Jaffray, directrice adjointe du cabinet du préfet, qui s’engage à écouter leurs demandes et à faire un compte rendu.
Comme à la réunion avec l’ARS, Georges Arnaudeau présente un document préparatoire résumant les doléances portées par les associations. Pour l’ARS, elle étaient surtout axées sur le domaine médical.
Pour la Préfecture, il sera surtout question de la prévention.
La discussion s’engage, nourrie à la fois par les fiches de proposition sur la prévention de l’Andeva et par des exemples concrets de problèmes rencontrés et d’actions en cours dans la région.
La couverture du territoire par les déchetteries est très inégale en Aquitaine.
L’Andeva demande qu’une deuxième voie d’accès individuelle complète le dispositif de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante (l’ATA), afin que des salariés exposés qui en sont aujourd’hui injustement exclus puissent en bénéficier. Elle est en désaccord avec le rapport Ricordeau qui propose « d’échanger  » cette deuxième voie d’accès contre un saccage du dispositif actuel.

La délégation tient aussi à marquer son désaccord avec les dérogations inacceptables pour les moins de 18 ans et avec le gel des rentes maladies professionnelles. La représentante du préfet s’engage à transmettre l’ensemble de ces prises de position et de ces demandes aux ministères concernés. La délégation rappelle, comme elle l’avait fait le matin à l’ARS, sa demande qu’une représentation des association soit intégré au pôle amiante régional. Madame Jaffray indique que la préfecture n’y voit pas d’objection et s’engage à transmettre la demande avec avis favorable.


« Indemnisation et Prévention sont deux dimensions indissociables du combat de l’Andeva »

Au soir de cette journée de mobilisation d’un style nouveau, René Vincent, président du Cerader 24, explique  : «  cette manifestation nous a conduits devant les responsables de situations devenues insoutenables » : le préfet qui ne dit mot sur
des questions pourtant graves et l’ARS, « dont l’objectif est de réduire les dépenses de santé publique ».
« Nous ne voulons pas seulement être contestataires mais être force de proposition  », souligne-t-il, et ces propositions «  n’auront d’effet qu’avec le soutien que vous leur apportez ».
Après avoir rappelé le combat de l’Andeva pour un procès pénal de l’amiante, il déplore les délais d’audiencement interminables des Tass et réclame davantage de moyens pour les magistrats, en rappelant les promesses de campagne du candidat Hollande sur «  la bonne administration de la justice  ».

Il salue le travail de la commission prévention de l’Andeva, rappelant que «  défendre les victimes aujourd’hui et éviter que l’amiante n’en cause de nouvelles demain sont deux dimensions indissociables du combat de l’Andeva. »
Il rappelle la demande d’une nouvelle voie d’accès à la « pré-retraite amiante » pour ceux, fonctionnaires ou salariés du bâtiment, qui n’y ont pas droit et dénonce le danger de remise en cause du dispositif par les propositions inacceptables du rapport Ricordeau.
Evoquant le passage, le jour même, des dossiers de 49 ex-salariés de la poudrerie de Bergerac devant la cour d’appel de Bordeaux, il souligne l’importance du préjudice d’anxiété, devenu la bête noire du Medef.
Il rappelle en conclusion le thème de la manifestation qui trace l’horizon du combat de l’Andeva : «  pour que plus personne ne meure demain à cause de l’amiante . »


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°46 (septembre 2014)