Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Pénibilité

10 septembre 2014

Une nouvelle reculade du gouvernement au détriment des victimes du travail

A la veille de la conférence sociale, le gouvernement a reporté l’entrée en vigueur d’une partie du compte pénibilité. L’Andeva et la Fnath ont dénoncé une «  reculade inacceptable du gouvernement cédant aux appels d’un patronat qui n’a aucune considération pour les victimes du travail ». La CGT, la CFDT et la FSU ont boycotté une partie de cette conférence.

Qu’est-ce que le compte pénibilité ?

Le compte pénibilité permet aux salariés du secteur privé exposés à des conditions de travail réduisant leur espérance de vie d’accumuler des points en fonction du temps passé à des travaux pénibles durant leur carrière professionnelle.
Ces points devraient lui permettre de se former, travailler à temps partiel ou partir plus tôt à la retraite.

Le tir de barrage
du patronat

Dès sa création, ce dispositif s’est heurté à opposition musclée du patronat : « triple peine », « usine à gaz », il n’a pas eu de mots assez durs pour le critiquer.
En fait, la triple peine c’est celle des salariés usés par des travaux pénibles qui cumulent des séquelles physiques et mentales, une baisse des ressources pour les personnes licenciées pour inaptitude dès 50 ans et une exclusion du marché du travail.
L’intensification du travail - confirmée par une récente enquête - pénalisera encore plus le maintien dans l’emploi des salariés vieillissants, alors même que l’âge de la retraite recule.

Une avancée
malgré ses limites

Sous la pression du patronat, le gouvernement avait déjà limité ses ambitions en décidant que ce dispositif ne s’appliquerait qu’aux expositions à des travaux pénibles survenues à partir du premier janvier 2015, à l’exclusion des expositions passées.
Une sérieuse lacune pour les personnes en fin de carrière, alors que se multiplient les licenciements pour inaptitude médicale et que grimpe le chômage des seniors.
Cela dit, malgré ses insuffisances, ce dispositif restait une avancée, contre laquelle le Medef a continué à tirer à boulets rouges.

Un nouveau pas
en arrière

Sous la pression du patronat, le premier ministre, Manuel Valls a fait un nouveau pas en arrière, en annonçant que seuls 4 des 10 facteurs de risque listés au départ seraient pris en compte au premier janvier 2015 pour la pénibilité : le travail de nuit, le travail répétitif, le travail posté et le travail en milieu hyperbare (avec une pression supérieure à la pression atmosphérique). Les autres facteurs n’interviendront qu’à partir de 2016 (manutention de charges, postures pénibles, températures extrêmes, vibrations mécaniques, bruit, agents chimiques dangereux)

Un report
injustifiable

Le recul de l’âge de la retraite pénalise les ouvriers qui ont eu des conditions de travail difficiles et peinent à conserver leur emploi.
Différer la mise en place d’une partie du dispositif sur la pénibilité, c’est les pénaliser encore davantage.
C’est nier l’impact des conditions de travail sur l’espérance de vie, alors que les inégalités sociales dans ce domaine restent très fortes.
C’est revenir sur l’une des rares mesures sociales prises ces derniers mois.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°46 (septembre 2014)