Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Mise à jour, Routes de Paris, Jeanne D’Arc

26 janvier 2015

- Mise à jour de la liste des produits et des fournisseurs
- Des routes amiantées à Paris
- Ou vont aller les 20 tonnes d’amiantes de la Jeanne d’Arc et du Colbert ?


AMIANTE :
Remise à jour de la liste des produits et des fournisseurs

L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a établi une liste de produits et de matériaux contenant de l’amiante (note ED 1475).
Destinée aux professionnels du BTP susceptibles d’y être confrontés (entretien, maintenance, rénovation ou démolition), elle peut aussi être utile aux associations ou aux médecins du travail qui recherchent des expositions professionnelles passées.
Elle a fait l’objet d’une remise à jour en novembre 2014. La première édition n’était basée que sur des informations fournies par des fabricants et des distributeurs. La seconde les complète à partir de documents divers (fiches de données de sécurité, notices techniques, bulletins d’analyse des labos spécialisés). Des mises à jour régulières sont prévues.
Ce document de 6 pages indique la dénomination commerciale, le nom du fournisseur, le type d’utilisation et - chaque fois que possible - la nature de l’amiante utilisé. Des remises à jour périodiques sont annoncées.
Il s’agit d’un outil utile, à condition de bien garder à l’esprit qu’une telle liste ne pourra jamais être exhaustive : l’absence d’un produit ou d’un matériau ne peut en aucun cas être considérée comme une preuve qu’il ne contient pas d’amiante.
La dernière éditionn n’existe que sous forme de fichier informatique, téléchargeable sur le site de l’INRS (recherche par mots-clés : « ED » et « 1475 » ou par le titre « amiante, les produits, les fournisseurs »).


Selon des ingénieurs de la ville de Paris, Plus du tiers des chaussées de la capitale contiendraient de l’amiante

L’information est relatée par Le Moniteur du Bâtiment et des Travaux publics  : dans 39 % des enrobés routiers de Paris a été inorporé de l’amiante pour renforcer la résistance des couches de roulement. Il y en a dans les enrobés
sur des chaussées pavées ainsi que les granulats réputés « sans amiante ».

39% des voies à Paris intra-muros

« Sur près de 1 000 sondages que nous avons réalisés sur des chaussées en enrobés bitumineux dans Paris intra-muros et sur le périphérique, 39 % ont révélé la présence d’amiante, ce qui est énorme.  », explique au Moniteur Damien Balland, chef du laboratoire d’essais des matériaux à la direction de la voirie et des déplacements (DVD) de la Ville de Paris.
L’’amiante était utilisé pour renforcer la tenue à la fatigue des couches de roulement.

836 000 mètres carrés

« L’amiante de type chrysotile était incorporé, à l’échelle industrielle, dans les enrobés Compoflex et Médiflex (à hauteur de 1 %), mis en oeuvre sur les chaussées pavées entre 1978 et 1994 ». La surface totale concernée est estimée à 836 000 mètres carrés.
Une autre variété d’amiante, plus dangereuse encore (l’actinolite) « a été découverte par hasard, en septembre 2013, dans les granulats de certains revêtements... qui étaient réputés non amiantés. Des investigations sont menées actuellement par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour connaître l’origine exacte de cette fibre naturelle », indique Damien Balland.
Les ingénieurs de la Ville de Paris préconisent le travail à l’humide pour limiter l’empoussièrement.
Il existe pour cela des dispositifs d’arrosage et de brumisation utilisables lors des opérations de déconstruction totale ou de décroutage de la chaussée, de fraisage de la couche de roulement et du sciage de l’enrobé pour une tranchée.


BORDEAUX :
Où vont aller les 20 tonnes d’amiante de la Jeanne d’Arc et du Colbert ?

Pour démanteler la Jeanne d’Arc et le Colbert il faut d’abord éliminer les 20 tonnes d’amiante présentes sur ces deux navires. Les opérations commencent en 2015. Une filiale de Veolia assurera le désamiantage, une autre le démantèlement. Il est prévu d’enfouir les déchets amiantés en décharge de classe 1.

L’association s’étonne que l’enfouissement des déchets amiantés ait été choisi, «  alors que le port de Bassens ne se trouve qu’à une centaine de kilomètres de la torche à plasma de la société Inertam, à Morcenx (Landes), la seule qui assure en France l’élimination définitive de ce qu’il convient d’appeler un poison ».
Georges Arnaudeau, le président d’Allo Amiante, a alerté les députés et sénateurs de Gironde. Deux d’entre eux ont indiqué qu’ils avaient demandé des explications à Véolia et qu’ils informeraient Allo Amiante.
Du point de vue de la toxicité, il y a une nette différence entre l’amiante enfoui qui reste un cancérogène et l’amiante vitrifié qui est un matériau inerte et réutilisable.
Mais l’enfouissement coûte 150 euros la tonne, l’inertisation par torche à plasma coûte 1500 euros, soit dix fois plus !
Veolia dit que le choix définitif n’a pas été fait, mais tout indique que c’est l’enfouissement sera choisi. D’autant qu’à Lapouyade existe un centre d’enfouissement géré par Véolia.
Georges Arnaudeau souligne les limites de la méthode d’enfouissement : «  Les fibres d’amiante sont toujours présentes et pourront réapparaître lors d’excavations ultérieures. Nous comprenons les contingences économiques, mais un chantier comme celui-ci, traitant des navires de la Marine nationale, se doit d’être exemplaire. »
Le chantier Veolia devrait s’achever en mai 2017. La facture (hors taxes) du chantier sur les deux navires est de 11,5 millions d’euros pour Veolia qui annonce plus de 90 % de matériaux recyclés. Il s’agit principalement de ferrailles qui seront acheminées par voie maritime dans des aciéries du Pays basque.



Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°47 (janvier 2015)