Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Inaugurant le nouveau local de l’Addeva 44 à Saint-Nazaire, Roland Hottelard a rendu un vibrant hommage à Henri Ayoul et Henri Pézerat

10 janvier 2012

L’un, militant ouvrier, victime de l’amiante, est décédé en 1997 ; l’autre, expert citoyen, en 2009. Tous deux avaient unis leurs combats pour faire avancer la cause des victimes de l’amiante. Ils resteront dans la mémoire de tous les adhérents de l’Addeva 44 : le siège social porte le nom de « Maison Henri Pézerat », la salle de réunion sera la « salle Henri Ayoul »

« Les deux Henri se sont reconnus comme frères de lutte »

A cet hommage organisé par l’Addeva 44 participèrent les familles des deux disparus, Michel Ledoux, avocat des victimes, Lucien Privet, médecin référent de l’Andeva et diverses personnalités. Annie-Thébaud Mony, compagne de vie et de lutte d’Henri Pézerat, était présente. Elle fut longtemps membre de l’Andeva, puis l’a quittée. Elle est aujourd’hui porte-parole de Ban Asbestos France.

Chercheur citoyen

Dans un texte d’hommage rédigé avec elle, le bureau de l’Addeva 44 souligne qu’Henri Pézerat avait été « l’un des tout premiers chercheurs au monde à étudier les mécanismes d’action de l’amiante en milieu biologique permettant d’expliquer l’activité inflammatoire pulmonaire (asbes-tose) et pleurale (plaque pleurale), mais aussi le pouvoir cancérogène de l’amiante. »

Il critique une recherche en santé publique « devenue captive des industriels qui nient ou minimisent les risques , en particulier, les graves effets sanitaires de l’amiante ». Il évoque aussi l’aide apportée par Henri Pézerat à des travailleurs malades de l’amiante pour les aider à faire reconnaître leur maladie professionnelle.

Ouvrier de la Navale

C’est ainsi qu’Henri Ayoul, atteint d’asbestose 25 ans après avoir travaillé aux chantiers navals de Saint Nazaire, prend contact avec lui.

« Les deux Henri se
reconnaissent comme frères de lutte pour la défense des droits des travailleurs victimes de l’amiante et pour la prévention ».

Ils participent à la création de l’Andeva et de plusieurs de ses associations locales.

Au 1er janvier 1997, l’amiante est interdit en France. Victoire ! Des contacts sont pris avec Roland Hottelard et le syndicat CGT des chantiers navals à Saint Nazaire. Le 26 juin 1997 une réunion d’information sur l’amiante est organisée par le syndicat Cgt, la Fnath et l’Andeva. 500 personnes ! Un premier pas vers la création de l’Addeva 44.

A cette réunion, Dominique Grelard, témoigne du traitement indigne subi par son père - ancien des chantiers navals, atteint de cancer - devant le collège des trois médecins qui refuse de reconnaître la maladie professionnelle.

13 années de lutte

Il faudra la détermination de Dominique et 13 ans de lutte après le décès de son père pour que la famille puisse faire valoir ses droits. Il faudra aller en appel puis en cassation contre le Fiva avant que la cour d’appel de Rennes rende justice à l’épouse, aux enfants et petits-enfants.

« Nous ne pouvions pas être sûrs de gagner, mais nous étions certains de perdre si nous avions baissé les bras avant d’avoir épuisé les voies de recours », avait souligné Nadine Melin, avocate de la famille, qui a travaillé avec Annie Thébaud sur ce dossier.

« Henri Pézerat et Henri Ayoul nous ont quittés. Mais la lutte continue ! 2012 pourrait voir, au tribunal pénal de Turin, des industriels de l’amiante condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir organisé un « désastre volontaire ».

Interdiction mondiale

Pour cela, il faut encore lutter. « L’amiante est encore un marché lucratif en Inde, en Chine et dans de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, témoignant de l’urgence d’une interdiction mondiale de l’amiante. »

Le texte souligne que « l’amiante ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt mais, peut ouvrir d’autres luttes contre les cancers professionnels associés à de très nombreuses substances dangereuses devrait pouvoir prendre appui sur l’expérience acquise par les militants de la lutte contre l’amiante pour faire cesser l’inégalité de droits entre les victimes des crimes industriels, quelle que soit la substance ou l’industrie en cause. 

Puisse la maison Henri Pézerat être le lieu de la solidarité entre tous ceux et celles qui luttent pour le droit à la vie, à la santé, à la dignité, à la justice. »


Article tiré du Bulletin de l’Andeva No 38 (janvier 2012)