Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Courriers, témoignages,

30 janvier 2014

« 12 000 euros pour la mort de ma fille, 39 ans, décédée de l’amiante »

A la veille de la dernière manifestation nationale des victimes de l’amiante à Paris, la mère de Frédérique Fine écrivait un émouvant témoignage publié par Mediapart. Nous le publions ici avec son autorisation.

Je participerai, le 12 octobre prochain, à la Journée Internationale des victimes de l’amiante, organisée à Paris par l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (ANDEVA).
Je serai présente en tant que mère de Frédérique, emportée à 39 ans , moins d’un an après avoir déclaré.

un mésothéliome, alors qu’elle était en pleine santé et mère de trois enfants.
Nous n’avions jamais entendu parler de cette maladie. Ce qui était inimaginable quelques semaines auparavant s’est rapproché à une vitesse fulgurante, j’ai accompagné ma fille à tous ses rendez-vous médicaux, découvert la lutte contre la douleur et l’asphyxie, je l’ai vue dire au revoir à ses trois petits enfants, elle est morte dans mes bras.
Je ne suis pas familière des prises de position publiques mais aujourd’hui je tiens à apporter mon témoignage dans le but de faire progresser un dossier méconnu de beaucoup de nos concitoyens

L’amiante qui a déjà fait en France 50.000 victimes, devrait, selon l’INSERM, en faire environ 100.000 supplémentaires dans les vingt prochaines années. Toutes n’auront pas travaillé sur des chantiers à risque, mais n’importe quel bricoleur en ayant inhalé une seule fois peut être concerné, ce qui fut probablement le cas de ma fille. L’amiante apparait peu à peu comme une catastrophe sans précédent.
En France, grâce au travail des associations, un ensemble de mesures a été mis en place, avec, entre autres, la création d’un Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA), un diagnostic lors des transactions immobilières, le démantèlement des installations polluées.

Je tiens à dire que cette réaction tardive n’efface pas l’attitude des responsables politiques de tous bords qui volontairement ou par lâcheté, ont contribué pendant plus de 30 ans à dissimuler le rôle cancérigène de l’amiante dénoncé de longue date, en particulier aux Etats-Unis.
D’un point de vue strictement financier, les contribuables doivent savoir que la FIVA a déjà versé 3,3 milliards d’euros d’argent public (sans compter les indemnités de la Sécurité sociale ).
D’un point de vue éthique, il faut aussi savoir que l’industrie de l’amiante continue à tourner à plein régime, pour équiper dans le monde des
pays en développement, peu structurés au plan associatif, mal armés pour se défendre.

Pour la mort de ma fille, j’ai touché 12.000 euros. Je les utiliserai dans le même but que celui poursuivi par la manifestation du 12 octobre, «  prévenir les risques et sanctionner les responsables   ».

Posté par Guillaume et Nicolas Fine
(frère de Frédérique)


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°44 (janvier 2014)