Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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CMMP D’AULNAY SOUS-BOIS :
Le maire déplace 440 élèves pour les éloigner de l’ancienne usine d’amiante

30 décembre 2006

Les événements se précipitent depuis l’été pour le Comptoir des Minéraux et Matières premières, usine d’amiante voisine d’une école au coeur d’un quartier résidentiel d’Aulnay.

Début juillet, la cellule inter-régionale d’épidémiologie d’Ile-de-France (CIRE), valide l’alerte sanitaire sur le risque de contamination environnementale lancée par un collectif de cinq associations (parents d’élèves, collectif des riverains, Addeva 93, Ban Asbestos et Aulnay Environnement).

La pollution environnementale confirmée

La CIRE, antenne de l’Institut National de Veille Sanitaire, a fait vérifier par deux groupes d’experts les dossiers que les associations lui ont communiqués avec l’autorisation des victimes et des familles : le premier pour valider le diagnostic médical, le second pour analyser les circonstances d’exposition.

Les résultats confirment l’existence d’une contamination environnementale autour de l’usine.

Les associations soulignent qu’il s’agit de « la première étude française produite par un organisme de recherche, et réalisée grâce à la mobilisation préalable d’un mouvement issu du milieu associatif. » Pour le maire et le Préfet, ce rapport fait l’effet d’une bombe. Ils ne sont pas au bout de leurs peines...

La dégradation de la toiture

Depuis des mois, les associations alertaient sur la dégradation de la toiture (4000 mètres carrés de fibrociment) et le risque de chute de plaques. Un coup de vent leur donne raison, projetant des débris de toiture amiantée dans la rue. Ils auraient pu tomber dans la cour de la maternelle...

Pour enfoncer le clou les associations envoient au maire et au préfet 49 photos prouvant le délabrement avancé de ces plaques, fissurées verticalement et horizontalement par le vieillissement et l’érosion.

Un déménagement en catastrophe

Sentant le vent tourner, le maire, qui avait refusé pendant des mois toute concertation avec les parents, décide, en plein mois de juillet, de déplacer 440 élèves à la rentrée pour les réinstaller dans des Algecos à 700 mètres de là. Sage mais tardive décision. Cette précipitation évitable exaspère les parents. D’autant que le maire a signé le permis de démolir sans garantie de sécurité.

Des matelas d’amiante sur la façade !

En octobre les associations présentent à la presse un matelas d’amiante chrysotile trouvé par Henri Pézerat dans le cimetière mitoyen. Ce type de matelas était utilisé dans les années 70 comme protection thermique à la DCN et dans certaines industries. Il est composé d’un sac en amiante tissé, lui-même rempli par une bourre d’amiante. Ce matelas (et plusieurs autres) avait été utilisé comme matériel de récupération pour calfeutrer sommairement le mur extérieur ! Le sac est en amiante chrysotile, la bourre d’amiante est en amosite. Une analyse du LEPI le confirme...

Décidément, cette usine n’a pas fini de réserver des surprises : le maître d’oeuvre choisi par l’ancien exploitant, prétendait que la toiture était en bon état. Elle est délabrée. Il soutenait que l’usine avait subi un « dépoussiérage complet » en 1991. Une expertise de VERITAS retrouve - quinze ans après - une concentration de 1. 900.000 fibres au cm2 sur une charpentes en sous-toiture ! Plusieurs décennies de broyage ont accumulé la poussière dans les murs de briques creuses et sous la dalle de sol (fosses des broyeurs, chemins de câbles). La demande d’un confinement extérieur global avait été présentée comme une lubie des associations. Elle est plus que jamais nécessaire. Elles l’ont dit à l’inspection du travail qu’elles viennent de rencontrer.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N° 21 (novembre 2006)