Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Brésil : Contre tout retour en arrière sur l’interdiction de l’amiante dans sept états !

27 janvier 2017

Les lois interdisant l’amiante dans sept Etats du Brésil seront-elles déclarées contraires à la constitution  ? Telle était la question posée le 23 novembre dernier au Suprême tribunal fédéral par les requérants du lobby pro-amiante brésilien. Les débats ont été engagés, puis le procès a été suspendu sur demande du ministre Dias Toffoli.

« Deux camps s’opposent : ceux qui défendent la vie, et ceux qui défendent la fibre tueuse et son industrie »

Aujourd’hui l’amiante est interdit dans sept Etats du Brésil et plusieurs dizaines de municipalités (dont São Paulo, État et capitale).

Le 23 Novembre dernier, devant la Cour suprême (STF), deux camps se sont opposés :

- d’un côté le lobby de l’amiante, dirigé et financé par la SAMA (Eternit), qui demande à la Cour de déclarer les lois de São Paulo inconstitutionnelles. Cette position est soutenue par le ministre Gilmar Mendes.

- de l’autre, ceux qui veulent le maintien de l’interdiction non seulement à São Paulo, mais aussi dans d’autres États et municipalités. Cette position est défendue par Mauro Menezes, l’avocat de l’Association brésilienne des exposés à l’amiante (Abrea) et par José Eduardo Cardozo, avocat de la ville de São Paulo.
L’opposition entre ceux qui défendent la fibre tueuse et ceux qui défendent la vie est irréductible.

Les magistrats sont divisés. Le juge Edson Fachin est longuement intervenu pour défendre la constitutionnalité des lois d’interdiction adoptées par des Etats et des municipalités, reprenant certains arguments développés par les avocats de l’Abrea.

Le jugement a été renvoyé sur demande du ministre Toffoli, ce qui a manifestement irrité la présidente de la Cour constitutionnelle qui a dit qu’elle avait hâte que ce procès se termine.

« Selon nos avocats, a expliqué Fernanda Giannasi, de l’Abrea, tous les procès devraient être terminés au premier semestre 2017 ».
L’annonce de l’interdiction de l’amiante par le Canada a donné un nouvel élan au combat de l’association.


la caravane du
lobby de l’amiante

La Sama Mining Company (Eternit) a organisé une caravane de manifestants pro-amiante venus de Minaçu (dans l’état de Goiás) où se trouve la seule mine d’amiante en cours d’exploitation au Brésil.

Des ouvriers de cette mine ont été enrôlés sous la bannière de la défense de l’emploi. Leur voyage et les repas ont été financés par la SAMA. L’employeur-empoisonneur avait eu la délicatesse de leur recommander d’amener un parapluie et un chapeau.


Unité syndicale contre la remise en cause des lois d’interdiction

Toutes les organisations syndicales brésiliennes et le Département intersyndical des études sur la Santé et les conditions de travail ont ont lancé ensemble un appel à l’interdiction de l’amiante (CTB, CUT, FS, UGT, DIESAT, CONTRACS)

Les signataires rapellent «  les risques sanitaires que représente l’exposition à l’amiante pour les ouvriers et la population, en raison des activités d’extraction, de fabrication, de commercialisation et de transport de ce matériau cancérogène »

Ils demandent à la Commission fédérale de l’environnement de «  bannir l’amiante sous toutes ses formes ».

« Il serait inconcevable qu’après 69 pays, 7 états et des dizaines de municipalités brésiliennes qui ont interdit l’amiante cancérogène, responsable de la «  catastrophe sanitaire du XXè siècle  », la Cour suprème (STF) puisse déclarer, le 23 novembre 2016, que les interdictions prononcées par les Etats de Pernambuco, Rio Grande do Sul et São Paulo (l’État et la ville) sont inconstitutionnelles.

Défendons la Santé ! Pas de retour en arrière ! »

Les signataires demandent à la Cour suprême de maintenir les lois d’interdiction.


FRANCE - BELGIQUE - ITALIE
Des associations de
victimes demandent que l’interdiction dans sept États du Brésil
soit maintenue

Les associations :
AFeVA
Associazione Familiari Vittime Amianto (Italia)
ANDEVA
Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante (France)
ABEVA
Association Belge des Victimes de l’Amiante (Belgique)

expriment leur soutien au mouvement pour
l’interdiction de l’amiante au Brésil et manifestent leur solidarité et leur appui à l’ABREA,

l’association brésilienne des personnes exposées à l’amiante, avec laquelle nous partageons, depuis plus de 20 ans, une lutte citoyenne pour l’interdiction de l’utilisation de l’amiante, dont les poussières cancérogènes, lorsqu’elles sont respirées, peuvent causer des maladies mortelles.

Le 23 novembre 2016, le Tribunal Suprême fédéral discutera de la procédure engagée pour inconstitutionnalité engagée par la Confédération nationale des travailleurs de l’Industrie (CNTI) contre les lois promulguées par les Etats du Pernambuco, Rio Grande do Sul e Sao Paulo interdisant le travail de l’amiante dans leurs territoires.

Sera également examinée l’action pour non conformité au principe fondamental d’une loi (ADPF) engagée par la CNTI contre la loi promulguée par la municipalité de Sao Paulo, qui concerne la même question.
Nous sommes convaincus qu’on ne peut rouvrir une telle question en ignorant l’impact environnemental et social du travail de l’amiante, en terme de pollution, de morts, de maladie et d’incalculables souffrances personnes qui frappent les travailleurs et les habitants exposés et contaminés.

Nous sommes confiants dans la décision que prendront les magistrats de cette suprême juridiction et nous nous mobilisons aux côtés de l’ABREA et du mouvement brésilien pour un monde sans amiante.


Article tiré du Bulletin de l’Andeva N°53 (janvier 2017)