Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, les poussières de plomb contaminent l’île de la Cité

18 septembre 2019

La toiture et la flèche de Notre-Dame de Paris, détruites par l’incendie du 15 avril dernier, contenaient 400 tonnes de plomb.

Le brasier a mis le plomb en fusion et disséminé des milliards de microparticules sur les murs et le sol de la cathédrale mais aussi sur tout le voisinage : les trottoirs, les rues, les écoles, les immeubles, les squares, l’eau de la Seine...

Le vent et les intempéries ont étendu le périmètre de cette pollution et continueront à l’étendre si des mesures immédiates ne sont pas prises.

Les autorités sanitaires ont minimisé le danger d’une façon totalement irresponsable.
Une plainte contre X a été déposée par l’association Robin des Bois.

L’association Henri Pézerat, l’association des victimes du saturnisme et une quinzaine de syndicats CGT réclament le confinement du chantier de la cathédrale et la mise en place d’une antenne médicale dédiée, à l’Hôtel Dieu.

« Il faut empêcher la dissémination des poussières »

L’Agence régionale de santé (ARS), la Préfecture de police de Paris et la mairie de Paris s’obstinent à nier l’évidence. Ils ont dit et redit qu’il n’y avait « aucun danger pour la vie des uns et des autres ». Mais les faits sont tétus et le risque bien réel.

Des écoles contaminées

Le 19 juin, la SNCF a fermé la station Saint-Michel du RER C pour la nettoyer après avoir constaté des niveaux élevés de plomb dus sans doute aux poussières apportées par les semelles des chaussures des usagers.

Des taux supérieurs à 5 000 microgrammes par mètre carré ont été relevés dans des écoles près de Notre-Dame. Deux écoles qui accueillaient des enfants en centre de loisirs ont été fermées le 25 juillet pour être décontaminées.

On a relevé 500 000 microgrammes sur le parvis de Notre-Dame et 20 000 autour de la fontaine Saint-Michel... Des taux énormes !

Plainte contre X

L’association Robin des Bois, qui fut la première à lancer l’alerte dans les jours qui suivirent l’incendie dénonce « l’inertie des pouvoirs publics ».

Elle a déposé le 26 juillet une plainte contre X auprès du tribunal de Grande instance de Paris pour « mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et carence fautive dans l’information des populations ».

« Nous visons toutes les parties prenantes, a déclaré à France Info Jacky Bonnemains, le porte-parole de l’association, la mairie de Paris, les mairies des 6e, 5e et 4e arrondissements, mais aussi l’Agence régionale de santé. »

Le préfet suspend le chantier

Dans la cathédrale, le plomb est omniprésent. Or les ouvriers du chantier ne sont pas en sécurité : formation insuffisante, travail sans masque...

Des carences relevées par l’inspection du travail. Alerté, le préfet de région a suspendu le chantier.

Trois mesures urgentes

Le 5 août, quinze syndicats CGT parisiens, l’association Henri Pézerat et l’Association des victimes du saturnisme (AVS) ont tenu une conférence de presse sur le parvis.
Annie Thébaud-Mony, chercheuse en santé publique, a rappelé que le plomb est un « neurotoxique, reprotoxique, cancérogène et toxique cardio-vasculaire » et qu’il est « dangereux quel que soit le niveau d’exposition. »

Benoît Martin, secrétaire de l’UD CGT, a rappelé que la pollution « ne concerne pas seulement le site de Notre-Dame mais les quartiers situés à proximité ».

Tous portent trois demandes :

1) le confinement du chantier dans sa globalité pour éviter d’aggraver la dispersion de poussières toxiques,

2) « une cartographie rigoureuse de la pollution au plomb, actualisée à intervalles réguliers, les résultats devant être rendus publics ».

3) la création à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu d’un centre de dépistage et de suivi « clinique, psychologique et social » pour les personnes exposées.

Les pompiers qui ont lutté contre le feu s’inquiètent pour leur santé et ont demandé une surveillance médicale.


Un risque accru pour le jeune enfant

Une intoxication au plomb peut altérer le développement physique et intellectuel d’un jeune enfant, induire des troubles du comportement, altérer son acuité auditive...

On peut constater ces symptomes avec des plombémies faibles.

Il n’existe pas de seuil de « non toxicité » pour le plomb.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva No 61 (septembre 2019)