Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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ASSOCIATIONS : Une visite à l’Addeva Finistère

19 avril 2013

- Une visite à l’Addeva Finistère
- Paroles de bénévoles
- L’addeva Finistère en chiffres



À sa création, en 1999, l’association comptait 250 personnes et gérait 54 dossiers.
Dès les premières années, le nombre d’adhérents n’a pas cessé de grimper.
Elle compte aujourd’hui 1379 adhérents et s’étend de Brest aux Côtes-d’Armor.

Des malades dans la Navale et partout ailleurs

« Cette région de Bretagne est très durement touchée, explique Gérard Fréchou le président de l’association. Il y a énormément de personnes qui souffrent d’une pathologie liée à l’amiante à la Direction des Chantiers navals à Brest. La construction navale est un des secteurs de France les plus durement éprouvés ».

La région compte également des malades dans le secteur industriel privé et les zones agricoles.

«  Les bâtiments dédiés à l’élevage des volailles et porcins était la plupart du temps construits en fibrociment préfabriqué. Nous avons aussi beaucoup de malades chez les sous-traitants de l’automobile, dans les ports de commerce, le bâtiment, les collectivités territoriales, la SNCF, l’EDF, les hôpitaux...
Le plus difficile ensuite c’est de nous adapter aux particularités de leurs régimes sociaux lorsque nous gérons le dossier
. »

Amiante = danger Attention ! Soyez vigilants !

L’Addeva est d’abord une association de victimes : elle aide les adhérents à constituer un dossier, les assiste lors des expertises médicales, les accompagne au tribunal... Mais elle mène aussi des actions d’information et de la prévention.
« Dans les chantiers navals, les salariés étaient au courant des questions d’amiante grâce aux syndicats ou au CHSCT ; beaucoup sont venus spontanément nous voir. Mais, chez les agriculteurs et les artisans, c’est beaucoup moins le cas. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne d’information », explique Gérard.
« Lors des Forums des Lundi de la Santé organisés par la ville de Brest, l’association participera, en collaboration avec le médecin interprofessionnel du CHU, à la prévention des dangers de l’amiante et des fibres minérales artificielles. Nous conseillons aussi ceux qui ont travaillé dans des secteurs à risques. Une rencontre de ce type aura lieu à Brest le 27 mai. L’association évoquera à cette occasion, en plus du dossier de l’amiante, tous les produits cancérigènes. »

Des Cafés pour la Santé

« Nous avons participé, le premier mars dernier, avec la collaboration des mutuelles de Bretagne, à un café de la santé à Morlaix. »
Ce fut l’occasion pour le public de rencontrer Stéphanie Gonsard, du cabinet Ledoux qui expliqua les aspects juridiques de la question de l’amiante, Georges Arnaudeau de l’Andeva qui parla des difficultés et des pièces nécessaires pour monter des dossiers.

Ouest France a publié une carte des entreprises où l’Addeva a des malades

Dans les Côtes-d’Armor, les membres de l’association s’inquiétaient du fait que l’information ne circule pas assez.
« Souvent, lorsque les gens nous contactaient, ils étaient envoyés par leur médecin, car déjà gravement malades, à plus de 50% d’IPP, nous voulions faire de la prévention afin que les malades potentiels nous contactent en amont  », raconte Gérard.
Et pour mieux faire connaître leurs actions sur les Côtes-d’Armor, avec des journalistes de Ouest France, l’Addeva Brest a répertorié les cas de maladies dans les entreprises de la Région. La liste des entreprises où il y a des malades a été publiée dans Ouest France.

Plus de 100 dossiers pour le préjudice d’anxiété

Actuellement, l’association travaille sur des dossiers pour faire reconnaître le préjudice d’anxiété, dans le privé et le public.
Pour le secteur public, les dossiers sont défendus devant le tribunal administratif par le cabinet Tessonnière. Pour le secteur privé ils passent devant le conseil de Prud’hommes et sont défendus par le cabinet Ledoux. Déjà plus de 100 dossiers ont été montés.

Une stèle en hommage aux victimes est érigée près de l’arsenal

Mais l’association est également attentive à œuvrer pour le souvenir. En 2008, avec le concours de la ville et l’artiste Jean-Marc Jezequel une stèle en mémoire des victimes de l’amiante a été érigée près de l’arsenal. Des élèves d’une classe de troisième de la ville de Daoulas ont été associés pour rédiger l’épitaphe.

Léa Veinberg


PAROLES DE BENEVOLES

GERARD :
« La relève n’était pas simple ! »

Gérard Fréchou, président depuis un an, a rejoint l’association en 2004. « Étienne Le Guilcher, décédé il y a deux ans, avait longtemps présidé l’association. Il était très dynamique. Jean Le Pavec avait repris cette tâche.

"Assurer la relève à mon tour ne fut pas simple !"

« C’est après avoir travaillé dans la réparation navale durant des années, que j’ai découvert une pathologie liée à l’amiante. Après avoir bénéficié d’une cessation anticipée, j’ai souhaité rejoindre l’Addeva de Brest qui s’était créée en 1999 pour participer à leurs actions. »

JEAN :
« Le nombre de victimes ne cesse de grossir »

Jean Ropars, bénévole à l’association depuis 2001, ancien employé de la DCN de Brest :
«  Je suis militant de la CFDT, je travaillais à l’arsenal de Brest où j’étais délégué Hygiène et sécurité, à l’Artillerie, et à bord des bateaux. Je ne suis pas victime de l’amiante, mais j’ai travaillé à son contact et j’ai eu de nombreux collèges qui sont tombés malades. Depuis 1999, date de sa création, je suis membre associé à l’Addeva.
Nous faisons au moins deux permanences par semaine et assistons les membres de l’association dans toutes leurs démarches. Depuis la création de l’Addeva Brest, je constate avec tristesse que le nombre des victimes ne cesse de grossir. Nous sommes le plus présents possible auprès des victimes que nous assistons dans la constitution des dossiers mais aussi devant les tribunaux, sans oublier la prévention. Ce qui me fait très plaisir c’est qu’aujourd’hui de nombreux jeunes prennent le relais dans l’association, notre combat n’aura pas été vain"
.

FRANCOIS :
« Je déplore les différences entre public et privé »

François Bossard, bénévole depuis 1999, vice-Président en 2001-2002, est un ancien marin de la Marine Nationale.
«  J’étais mécanicien à la marine nationale. Il y a quelques années, j’ai passé un scanner. On m’a diagnostiqué une asbestose avec 50 % d’IPP. J’ai entamé, seul, des procédures d’indemnisation, nous étions en 1991, l’Andeva et le Fiva n’existaient pas encore.
Mes démarches ont duré trois ans, et, au tribunal de Brest, j’ai été débouté ! Peu de temps après, un collègue m’a demandé si je voulais participer à la création de l’Addeva de Brest. Je suis membre depuis cette époque et je fais partie du conseil d’administration de l’Andeva.
Ce que je déplore le plus, ce sont les différences de statuts dans le public et le privé et notamment dans l’armée, où il n’y a pas de reconnaissance de maladie professionnelle.
Les militaires ne sont-ils pas des français comme les autres ?
 »


L’Addeva Finistère en chiffres.

Les adhérents :

- 1379 adhérents
- 3% de sympathisants.
- 2600 dossiers traités depuis sa création

Les
départements :

La grande majorité sont du Finistère,mais 7% sont des Côtes d’Armor (97 dossiers)

Les secteurs :

- 29% des dossiers pour la marine nationale et marchande,
- 14% des dossiers pour la DCN,
- 52% des dossiers viennent du privé dont 9% des AFO (Ateliers et Forges de l’Ouest).

Les maladies :

- 44% des victimes ont un taux d’incapacité partielle permanente (IPP) de 5%
- 4% ont un taux d’IPP supérieur à 50%

Les décès :

- 338 victimes décédées de l’amiante
(dont 34 en 2011)
- 314 dossiers de veuves.
L’indemnisation :
- 16% des dossiers sont en cours au FIVA
- 5% des dossiers sont en cours de jugement.
- 5% des dossiers sont en appel,

L’âge :

- La grande majorité des malades a plus de 60 ans.
- 59 ont moins de 60 ans. Le plus jeune a 43 ans.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n° 42 (avril 2013)