Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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à€ Renault Billancourt

25 septembre 2008

Des centaines de kilos d’amiante à mains nues

« Renault comme bien d’autres entreprises a exposé des milliers de salariés au risque amiante. Comme toutes les autres, elle se défend de l’avoir fait sciemment. Pourtant les faits prouvent le contraire.
L’exemple Billancourt est édifiant. Des centaines de milliers de salariés y ont travaillé pendant des décennies. Alors que depuis le début du siècle dernier la nocivité de l’amiante était connue, on continua à l’utiliser jusqu’à une date récente dans pratiquement tous les secteurs de production de véhicules, sans qu’à aucun moment des dispositions ne soient prises pour préserver la santé des travailleurs.

Dans les années 80, il y avait des « classeurs sécurité », dans les ateliers de maintenance-entretien. Ils regroupaient des notes de service. Aucune ne fait état du risque amiante, malgré le décret de 1977 qui commençait à alerter sur le danger.
Pire : en Mai 1992, la cave de l’atelier des traitements thermiques, en cessation d’activité, fut vidée de centaines de kilos d’amiante en vrac par des travailleurs de cet atelier, à main nue, sans aucune protection particulière ou information légale. L’amiante ainsi déménagé a terminé comme déchet banal à la T.I.R.U d’Issy les Moulineaux. Les salariés impliqués dans ce déstockage sauvage avaient alerté les représentants CGT du personnel au CHSCT. En 1996, une action en justice fut engagée par le syndicat. Elle n’aboutit pas, mais la médiatisation de l’événement, la création de l’Association Renault de Défense de l’Amiante à Billancourt, les nombreuses interventions des élus, les pétitions, contraignent le la direction Renault à tenir une assemblée extraordinaire des CHSCT, le 13 Mars 1996. Malgré ses limites, ce fut la première information digne de ce nom.

Hélas ! Le mal avait été fait. Aujourd’hui, les dossiers de victimes sont de plus en plus nombreux : reconnaissance de maladies professionnelles, FIVA, faute inexcusable… Des salariés relativement jeunes, en activité, sont frappés par la maladie. La semaine dernière, l’épouse d’un collègue nous annonçait que son mari était mort de l’amiante.
Plusieurs fois condamnée suite à des actions en faute inexcusable de l’employeur, Renault n’a pas modifié sa ligne de conduite pour autant. Elle continue à dresser des obstacles pour ceux qui demandent réparation, elle continue à détériorer les conditions de santé et de vie au travail.

Un collectif de défense des victimes de l’amiante chez Renault (région parisienne) s’est créé en 2007. Il rayonne sur les usines Renault de Billancourt, Flins, Rueil, Lardy, Aubevoy, Guyancourt. Il est là pour informer et aider les victimes à faire valoir leurs droits avec l’appui de l’Addeva 93, mais aussi pour faire en sorte que des catastrophes telles que l’amiante ne se renouvellent plus. Il travaille en collaboration avec plusieurs organisations syndicales de Renault (CGT, Sud, la liste n’est pas exhaustive), Un blog a été mis en place :
http://www.collectif-amiante-renault.org/

Pierre BERNARDINI,
retraité de Billancourt


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°27 (septembre 2008)